Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
souvenirs d’une actrice.

qui les accompagnaient, furent renfermés dans Viterbe, et ne durent leur salut qu’à l’évêque : sans lui, ils eussent été massacrés.

Ce fut par une lettre de madame Talma que j’appris tous ces détails.

« Ton mari, me disait-elle, ainsi que ses camarades, ont été dépouillés et maltraités par les barbets ; ils ont voulu se faire recevoir dans une ambulance, mais on n’a admis que ceux qui, ne pouvant plus marcher, étaient hors d’état de se soutenir : on n’a pas voulu recevoir les autres. Le pauvre Fusil, qui était de ce nombre, s’est traîné comme il a pu le long de la lisière d’un bois, sur la grande route, afin d’éviter les partisans et dans l’espoir qu’il pourrait rencontrer quelqu’équipage allant à Milan ; mais, épuisé de fatigue et ne se sentant plus la force de marcher, il allait succomber, lorsque le ciel prit pitié de lui, et lui envoya un secours inespéré. Il était depuis quelque temps sur la grande route, lorsqu’il vit à travers un nuage de poussière plusieurs voitures escortées par des militaires. Ne doutant pas que ce ne fussent des Français, il pensa qu’il pourrait ob-