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souvenirs d’une actrice.

ce n’était plus la manière de vivre à laquelle ils étaient accoutumés.

Ils me conduisirent au Casino, où se réunit toute la société élégante de Francfort ; c’est dans cette belle salle que se donnent les concerts. Comme je n’avais avec moi que des toilettes de voyage, et qu’en 1806 on portait des robes à demi-queue, même en négligé, je me mis dans un endroit retiré, pour n’être pas remarquée, ce qui arrive presque toujours lorsque l’on voit une étrangère, venant de Paris surtout.

J’entendis tout à coup un bruit sourd causé par l’entrée du général Augereau, qui était alors comme vice-roi de Francfort. Il était suivi de son brillant état-major, composé de jeunes gens des grandes familles. Leur éducation et leurs manières contrastaient beaucoup avec celles de leur chef ; mais c’était une espèce de coquetterie de nos généraux de l’empire de s’entourer ainsi ; leur haute réputation militaire couvrait suffisamment ce qui manquait à l’éducation privée de quelques-uns d’entre eux.