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souvenirs d’une actrice.

trait en se dandinant et mettait quelques minutes à bégayer sa première phrase.

Malgré cette indolente paresse, il était amoureux (à sa manière) de mademoiselle Percheron, qu’il a épousée, et qui, de son côté, avait une dose d’originalité qui n’a pas laissé que d’être assez piquante, tant qu’elle a été accompagnée de cette grâce qui embellit la jeunesse, mais qui, lorsque nous ne sommes plus jeunes, est appelée minauderie, et plus tard grimaces, par ces mêmes adulateurs qui brisent l’idole qu’ils ont encensée.

Mademoiselle Percheron, que l’on nommait Percherette dans la société, possédait un magnétisme de coquetterie qui attirait tous les hommes vers elle, et malgré cela elle avait des principes très sévères. Quelques-uns de ses adorateurs avaient eu la maladresse d’en devenir très sérieusement amoureux, malgré l’expérience des autres papillons qui étaient venus se brûler à ce petit flambeau : aussi s’en faisait-elle de mortels ennemis.

Je me rappelle qu’un jour, dans le salon de la comtesse Golofkine, une des victimes de Perche-