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souvenirs d’une actrice.

m’écriai-je, on massacre dans l’autre quartier, et il se sauve ici. »

Ce monsieur nous dit que le feu s’étant manifesté près de sa maison, il craignait qu’elle ne devînt aussi la proie des flammes, et qu’il venait demander un asile pour lui et deux autres personnes. On le lui accorda aussitôt, et il retourna les chercher. M. Vendramini se hasarda d’aller jusqu’au bout de la rue, et revint nous dire que le fameux prodige que sa femme avait vu n’était autre chose qu’un petit ballon rempli de fusées à la Congrève, qui était tombé sur la maison du prince Troubertskoï, à la Pakrofka (quartier très près de chez nous), et qu’elle était en feu, ainsi que les maisons environnantes. Il paraissait certain que la ville allait être brûlée. Il sortit de nouveau pour apprendre des nouvelles, et nous nous hasardâmes à mettre la tête à la fenêtre. Je vis un soldat à cheval, et je l’entendis demander en français : « Est-ce de ce côté ? » Jugez de mon étonnement. Toujours un peu moins poltronne que ma compagne, je lui criai : « Monsieur le soldat, est-ce que