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souvenirs d’une actrice.

vous êtes Français ? — Oui, madame. — Les Français sont donc ici ? — Ils sont entrés hier à trois heures dans les faubourgs. — Tous ? Tous. » « Devons-nous, dis-je à ma compagne, nous réjouir ou nous alarmer ? nous sortons d’un danger pour retomber peut-être dans un autre plus grand. » Nos réflexions étaient fort tristes, et l’événement nous prouva que ce pressentiment n’était que trop fondé.

Les trois personnes qui nous avaient demandé asile arrivèrent chargées de leurs effets, ceux du moins qu’elles avaient pu sauver. Elles nous apprirent que le feu était déjà dans plusieurs endroits et qu’on cherchait à l’éteindre, mais comme on n’avait pas de pompes, cela était très difficile. Il me tardait de sortir pour savoir s’il n’était rien arrivé à mes amis et à ma maison, où j’avais encore mes meubles et tous les effets que je n’avais pu faire transporter. On me dit qu’il était prudent que je sortisse à pied ; car on prenait tous les chevaux, attendu que l’armée en manquait. « Cependant, ajouta l’un d’eux, comme les Français sont galants, peut-être ne prendront-