Bientôt vainqueur, je reviendrai vers toi,
Et j’obtiendrai le prix de ma vaillance,
Mon cœur sera le gage de ta foi.
Et mon amour celui de ta constance.
Je reviendrai ceint d’un double laurier, etc.
Il faut, hélas ! abandonner ces lieux.
Sur ma valeur que ton cœur se rassure.
Dis !… pour garant de nos derniers adieux,
C’est de ma main qu’il reçut son armure,
Il reviendra ceint d’un double laurier ;
Un amant que l’amour inspire
Du troubadour sait accorder la lyre
Et diriger la lance du guerrier.
Au moment où nous nous y attendions le moins,
on parla de départ. Les officiers et les généraux, ne
virent pas sans pitié qu’un grand nombre de ceux
qu’ils appelaient les Français russes, pouvaient devenir
victimes de la fureur des soldats ; ils nous engageait
à quitter le pays, ou tout au moins à venir
jusqu’en Pologne. Les femmes surtout excitaient la
compassion, car les unes ne trouvaient pas de chevaux,
les autres n’avaient pas d’argent pour les
payer. J’étais d’autant moins disposée à m’en aller,
que mes intérêts devaient me faire désirer de rester
en Russie ; mais on me fit une telle frayeur de tout
ce qui pouvait arriver, que je me décidai enfin à
partir.