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Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/336

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souvenirs d’une actrice.

Son aide-de-camp, le colonel Viriau (le même qui sauva un régiment resté sur la place de Vilna) et son intendant restèrent aussi. Il leur laissa de l’argent, des lettres de crédit, et partit la mort dans le cœur ; il semblait avoir un pressentiment qu’il ne reverrait plus son fils.

Nous passâmes la nuit sans dormir ; et le lendemain, à onze heures du matin, les troupes russes entrèrent. Nous n’avions pas encore reçu de réponse à la lettre du maréchal, et nous étions fort inquiets. À une heure cependant, un aide-de-camp du général russe vint nous dire qu’il avait reçu la lettre que M. le maréchal lui avait adressée, et qu’il aurait tous les égards dus au malheur et au fils d’un brave militaire qu’il estimait beaucoup ; il ajouta qu’on allait nous envoyer une sauve-garde.

Une demi-heure après nous vîmes arriver quelques cosaques. On eut l’imprudence de les faire entrer dans la chambre où était le jeune comte ; son aide-de-camp, pour les intéresser à notre sûreté, leur donna quelques pièces d’argent. Dès que ces cosaques eurent aperçu des piles d’écus sur la cheminée, et de l’argenterie sur la table, ils ne