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souvenirs d’une actrice.

femme de chambre, leste et adroite, prenait dans un carton une baigneuse, et remplaçait le bonnet froissé de la belle dormeuse, lui passait un frais manteau de lit ; pendant ce temps ses femmes enlevaient le couvre-pieds de satin piqué, les oreillers, et faisaient succéder des mousselines brodées, ornées de dentelle, et posées sur un taffetas de la couleur des rideaux. Ces arrangements terminés, on jetait des parfums dans l’athénienne, on plaçait des fleurs sur les consoles, des jardinières aux deux côtés du lit ; on entrouvrait les doubles rideaux assez seulement pour pouvoir jeter un coup-d’œil sur le roman envoyé la veille, ou les billets déposés sur le guéridon.

En Angleterre il serait de la plus grande inconvenance de recevoir aucun homme dans la chambre à coucher d’une dame. Le médecin n’y entre que lorsqu’il y a impossibilité qu’elle vienne dans son parloir ; le père y est seul admis, les frères rarement ont ce privilège, les cousins jamais.

Vers deux heures les visites arrivaient ; c’étaient des femmes d’un moins grand monde qui sortaient