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introduction.

qu’elles s’informassent pourquoi, comme l’a dit madame de Staël à Napoléon.

Quelle destinée plus bizarre que la mienne ? Élevée dans une ville de province, je devais y passer une vie tranquille et calme. La révolution change tout à coup mon existence, me jette au milieu d’un monde nouveau, et dans un âge où l’on ne comprend pas encore le monde. Je tenais à des artistes célèbres en tout genre ; à Fleury, par mon grand’père, dont le père était cousin-germain, et à madame Saint-Huberty, nièce de ma grand’mère. De semblables affinités sont des titres de noblesse parmi les artistes ; protégée par eux, je devins une chanteuse assez distinguée. Mais la Révolution me fit peur, je crus la fuir en Belgique où je retrouvai des troubles d’une autre nature. Une dame anglaise m’emmène en Écosse ; la crainte de compromettre ma famille dans ces temps malheureux, me fait quitter la patrie d’Ossian et les grottes de Fingal pour rentrer en France. J’y trouve le