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souvenirs d’une actrice.

duisait tous les ouvrages italiens. C’était un homme fort brusque et fort peu poli, un véritable bourru bienfaisant. Lorsqu’il vit l’annonce de mes débuts dans la Serva patrona, il arriva chez notre impresario, chez qui je dînais, et son premier mot fut :

— Êtes-vous fou ? est-il bien vrai que vous allez faire jouer ces deux ouvrages ? et quelle est l’extravagante qui a la folle présomption de se mesurer avec madame Davrigny ?

— Mais c’est celle qu’on a destinée à chanter les rôles de madame Balletti.

— C’est bien différent ; on viendra pour connaître le sujet des ouvrages, on ne fera pas de comparaison.

— Eh bien ! monsieur, c’est moi qui ai l’audace de jouer la Servante-Maîtresse.

— Tant pis pour vous, car vous serez sifflée.

— Peut-être : lorsqu’on débute à l’Opéra-Comique, ne joue-t-on pas les rôles des sujets qui ont le plus de faveur ?

— Ce n’est pas de même.

Enfin il serait trop long de répéter toutes les choses aimables et encourageantes qu’il m’adressa à