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souvenirs d’une actrice.

qu’on n’accordait qu’aux grandes réputations. Celui qui n’avait d’autre patrimoine que son talent, dépensait son revenu et souvent au-delà : ce fut bien autre chose lorsqu’arrivèrent les assignats !

Michot était intimement lié avec mon mari. À mon arrivée de la Belgique, il m’amena sa petite femme, jolie comme un ange, jalouse comme un tigre, et qui aurait bien pu dire, ainsi que Colette :

Si des galants de la ville,
J’eusse écouté les discours ;

Mais comme elle, aussi :

Pour l’amour de l’infidèle
J’ai refusé mon bonheur !

Nos maris avaient été charmés de nous réunir, afin d’être plus libres. Nous n’étions riches, ni les uns, ni les autres. Ces messieurs avaient trop peu d’ordre, et nous trop de jeunesse, pour y remédier ; mais nous possédions encore la gaîté, l’insouciance de cet âge où l’on ne prévoit pas. Pourvu qu’il ne manquât rien à notre toilette, le reste nous occupait fort peu.