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souvenirs d’une actrice

vendirent le secret aux maris. Nos deux galants furent surpris. Mon grand-père ne dût qu’à la promptitude de ses jambes d’échapper au sort de son ami, dont les amours eurent la même fin que celles de l’amant d’Héloïse. On le trouva baigné dans son sang, au pied d’un arbre, sur le chemin.

M. Fleury était fort aimé de ses camarades. Il alla leur conter son aventure, et tous lui conseillèrent de s’expatrier jusqu’à ce que cette affaire fût oubliée, car cela touchait à des gens puissants qui se seraient débarrassés de lui tôt ou tard. On lui procura les moyens de partir pour l’Allemagne et on lui accorda une pension de mille francs qu’il a conservée jusqu’à sa mort, arrivée en 1793.

Ce fut chez la margrave de Bareuth, sœur du grand Frédéric, qu’il se réfugia. (Il y avait alors des théâtres français dans toutes les cours d’Allemagne). Cette princesse le maria quelques années après avec mademoiselle Clavel, tante de la célèbre madame Saint-Huberty[1].

  1. Le père de madame Saint-Huberty était frère de mademoiselle Clavel.