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souvenirs d’une actrice.

d’ordre ; alors Michot, montant sur une chaise, nous joua la scène en prenant sa voix dans le fausset :

« Je dénonce Coco l’épicier pour avoir vendu du sable d’estampe pour de la castonade ; je demande qu’il soit envoyé au tribunal révolutionnaire et jugé comme fédéralisse. »

Lorsque l’administration du théâtre passa entre les mains de M. Sageret, les artistes furent mal payés ; Michot avait composé un dialogue sur l’air des pendus. Il disait à ses camarades assemblés :

 Es-tu payé de fructidor ? — Non
— Es-tu payé de thermidor ? — Point.
— On me doit encor vendémiaire.
— Moi : je crains beaucoup pour brumaire.
Tous : — Cela doit-il durer longtemps ?
Le Régisseur : — Jouez toujours, mes chers enfants.

Les Bons Gendarmes, qui ont valu tant de succès à Odry, avaient été composés par Michot dans un temps où l’on ne parlait point encore d’Odry, mais celui-ci a le mérite d’en avoir tiré un immense parti, il faut lui rendre cette justice. Michot ne les avait composés que pour les plaisirs du foyer.

Lorsque je revins de l’étranger, en 1813, Michot