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souvenirs d’une actrice.

que l’on en sera fatigué ; enfin de chacune de tes perfections naîtra un ridicule, et l’on y ajoutera encore en te prêtant la sottise des autres, convaincu de ce vieil adage, qu’on ne prête qu’aux riches. » Cela n’a pas manqué, car il n’y a pas jusqu’au gigot de mouton, mot connu pour appartenir à madame de Mauléon, et qui remonte au siècle de Louis XV, que l’on n’ait mis sur le compte de mademoiselle Candeille : et l’on ne peut dire qu’un gigot est tendre sans que l’on répète aussitôt, « il n’en est que plus malheureux » comme le disait mademoiselle Candeille, ou du moins comme on le lui faisait dire[1]

  1. Il est des réponses qui se répètent et passent en tradition, parce qu’elles ont été dites à leur époque par des gens ignorants, ou malveillants. J’entends tous les jours à l’occasion de Larive, par des artistes qui en sont eux-mêmes persuadés parce qu’ils l’ont entendus raconté par d’autres, qu’il se regardait avec beaucoup de complaisance, lorsqu’il disait dans l’Œdipe de Voltaire :
    J’étais jeune et superbe

    Larive était un homme instruit qui pouvait confondre la signification des mots, et qui savait fort bien que là, superbe, n’est pas la beauté des formes. Celui qui le premier a voulu lui donner ce ridicule, état un homme jaloux de ses succès et qui savait bien qu’on a toujours la mémoire heureuse pour ce qui est au désavantage des autres. Larive a fait un ouvrage sur l’art