Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
souvenirs d’une actrice.

tère de la figure et les habitudes du corps. Dans le valet du Muet, lorsqu’il venait raconter la conversation des deux pères, on croyait les voir et les entendre, tant il s’identifiait avec ses personnages. Aussi, lorsqu’ils arrivaient après ce récit, on entendait rire de tous côtés. Mais où il nous montra le mieux son talent dans ce genre, ce fut un soir avec M. Daigrefeuille, ancien conseiller au Parlement, bien connu du temps du grand chancelier Cambacérès, dont il ne quittait pas l’hôtel. C’était un petit homme, replet et tout d’une pièce ; son geste était rapide, ses bras courts, et retirés en arrière : ses gros yeux ronds lui donnaient un air étonné tout à fait comique.

Il arrive un soir au foyer et se met à causer avec Dugazon, d’une manière très vive. Celui-ci, qui paraissait entièrement occupé de ce que lui disait son interlocuteur, répondait les yeux attachés sur les siens, de manière à fixer son regard ; pendant ce temps, il prenait ses attitudes de corps, ses mouvements, sa physionomie ; enfin, il imitait toute sa pantomime, de façon à lui ressembler parfaitement.