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souvenirs d’une actrice.

« J’ai entendu vanter la beauté de la pupille du seigneur Aldobrandin, je désirerais savoir si son esprit est égal à ses charmes ; qu’il me permette de causer un quart-d’heure avec elle, en sa présence, mais sans qu’il puisse nous entendre, et mon cheval est à lui. »

Le tuteur, choqué de la proposition, la rejette avec indignation ; cependant il s’en occupe. Fabio, qui trouve qu’un quart-d’heure de conversation pour un cheval de dix mille ducats est un marché excellent, l’engage beaucoup à l’accepter ; il lui chante même à ce sujet un morceau très bien fait sur les détails de la beauté et des qualités du cheval, l’assurant qu’il n’a point vu de plus fier animal[1]. Enfin, à force d’y réfléchir, le tuteur trouva un moyen de concilier son avarice et sa jalousie, après avoir fait prier le Magnifique de venir chez lui afin de connaître s’il peut lui permettre de

Causer, jaser, en tout honneur,

  1. L’acteur qui jouait ce rôle à la première représentation, pour donner plus de force à son jeu, frappa sur l’épaule d’Aldobrandin, ce qui excita la gaîté du public et passa depuis en tradition.