Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
souvenirs d’une actrice.

contre ma mère et une prise de corps décrétée contre mon père. Ils ne pouvaient donc plus songer à rentrer en France. Une séduction, un enlèvement, n’étaient pas alors une affaire que l’on traitât légèrement. Aussi mon père et ma mère étaient-ils dans des craintes continuelles que leur enfant ne devint un jour la victime de leur imprudence[1].

Ils me confièrent à une dame de leurs amies qui me fit passer pour sa fille et qui me remit ensuite saine et sauve entre les mains de mes grands parents à Metz. Ils m’accueillirent avec bonté, quoiqu’ils fussent brouillés avec mon père pour tous les chagrins que leur avait causés cette malheureuse affaire. Je reçus chez eux une éducation qui pouvait passer pour brillante, à cette époque surtout où l’on négligeait beaucoup celle des femmes. Ma grand’mère, Saxonne d’origine, était une personne de beaucoup d’esprit, dont les mœurs étaient pures et la piété aussi douce que sincère. La margrave faisait le plus grand cas d’elle.

  1. C’est cette circonstance [que j’aurais pu payer cher] qui me jeta l’illustre famille des Miromesnil.