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souvenirs d’une actrice.

gissait pour lui d’une question de vie ou de mort, il envoya à Piis quelques chansonnettes et mit au bas : le citoyen Laujon sans culotte pour la vie. Cailhava rappelait aussi ce qu’il avait dû être dans sa jeunesse ; son port, sa démarche étaient d’un homme distingué. Il était auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels on peut compter : le Tuteur dupé ou la Maison à deux portes ; pièce d’un excellent comique, que n’eussent pas désavouée nos grands maîtres. Il avait composé quelques libretti et traduit des opéras italiens, et ses Ménechmes grecs ont été joués au théâtre de la République. C’est de lui que j’ai appris les plus jolis airs languedociens de Goudouli, son auteur favori.

Hélas ! lorsque je suis revenue de l’étranger, en 1813, aucun de ces bons vieillards n’existait plus. À mesure qu’on avance dans la vie, on fait tous les jours de nouvelles pertes : parents, amis, connaissances intimes, tout nous quitte ! Il suffit de dix ans pour cela. Ceux qui leur succèdent n’ont plus le même attrait pour nous ; ils ne nous ont pas vus parés des grâces de la jeunesse ; ils n’ont point assisté