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souvenirs d’une actrice.

alors ; il arrivait d’Amérique. Nous accueillions avec empressement tous ceux qui se présentaient, car nous espérions toujours apprendre quelque chose de nouveau ; mais les récits sont si peu fidèles dans les premiers instants de trouble ! on répète ce que l’on a entendu, on accueille ce que l’on désire ou ce que l’on craint ; la même circonstance se redit de vingt manières différentes : ces versions ne servaient qu’à nous alarmer davantage. Coupigny et Molin n’étaient rien moins que rassurants ni rassurés, bien qu’ils aient voulu me persuader depuis qu’ils n’avaient pas eu la moindre peur ; mais c’est toujours ainsi lorsque le danger est passé : tout le monde veut y avoir pris part ou l’avoir supporté courageusement.

Il y avait à la maison un petit Savoyard, âgé tout au plus de huit ans, dont j’avais fait un jockey. C’était un enfant intelligent et dévoué qui n’avait peur de rien. Depuis le matin il me tourmentait pour le laisser aller du côté des Champs-Élysées, parce qu’il avait entendu dire que Monsieur y était.