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souvenirs d’une actrice.


    avait quarante mille livres de rente, qu’il l’eut quittée après cinq ans de mariage, lorsqu’il lui en restait à peine six ; ce procédé eût été peu délicat, et je lui rends trop de justice pour le penser.

    Julie est morte en 1805, dix ans après son divorce, à l’âge de cinquante-trois ans, elle en avait donc trente-sept en 90, lors de son mariage ; et elle était assez bien encore, pour qu’elle pût se croire aimée pour elle-même. Au reste, si mademoiselle Contat a été pour quelque chose dans cette affaire, il paraît que les dames de la Comédie-Française prenaient beaucoup de part aux liens contractés par Talma, car mademoiselle Rancourt, de son côté, avait fait tout son possible pour empêcher son second mariage avec madame Petit-Vanhove ; elle prévoyait sans doute que Talma ne serait pas plus fidèle que par le passé.

    Mais madame Petit était veuve, mère, maîtresse de ses actions ; et les conseils d’une amie ne purent avoir assez d’influence pour la faire renoncer à un projet formé de longue date.

    Quant à Julie, je trouve qu’il est peu généreux de parler avec cette légèreté, d’une personne qui a tant souffert, et qui le méritait si Peu ! perdre à la fois son mari, sa fortune et ses enfants !… Le malheur est si respectable, qu’il est des sujets qu’il devrait interdire.