nière de dire le chant. On s’amusait souvent à me faire placer derrière un paravent pour compléter l’illusion. Elle prononçait d’une façon qui paraîtrait exagérée, aujourd’hui que si peu de chanteurs font entendre les paroles ; mais comme elle le disait elle-même, il le fallait pour se faire comprendre dans cet immense vaisseau, où la voix doit porter dans toutes les parties de la salle. Cela donnait d’ailleurs une grande énergie à son jeu, surtout dans ces phrases jetées, dans ces inspirations semblables au : Qu’en dis-tu ? de Talma. L’expression de sa physionomie était admirable. Elle se faisait applaudir sans parler, dans Alceste, lorsqu’elle écoutait la voix qui lui dit :
Le roi doit mourir aujourd’hui
Si quelqu’autre à la mort ne se livre pour lui.
Elle se faisait applaudir de même dans Didon, par la manière dont elle regardait Énée avant de lui adresser ces vers :
Oh ! que je fus bien inspirée
Quand je vous reçus dans ma cour !
Son air d’ironie lorsque Yarbe l’avertit qu’Énée est