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souvenirs d’une actrice.

empêche de connaître les événements survenus pendant cet intervalle. C’est ce qui m’arriva en 1812, à mon retour de l’étranger : je ne pouvais faire un pas sans rencontrer un malheur ; il semblait que le sort les eût semés sur ma route. Triste moisson à recueillir !

Cette année 1812 devait m’être fatale ; j’arrivais de Russie, où j’avais vu mon existence se briser en si peu de temps. À peine entrée à Francfort, j’appris la mort de cet oncle qui m’avait accueillie avec tant de bienveillance, à mon passage, dix ans auparavant. Sa femme l’avait suivi de près, et leur fortune était tombée dans la famille de madame Fleury.

Arrivée à Metz, je trouvai mon père dans un état d’inertie complète. Il est à remarquer que les hommes d’esprit et d’imagination finissent souvent de cette manière, et, sans vouloir faire de comparaison, Monvel et autres ont terminé ainsi une carrière brillante.

Ces malheurs étaient la suite de l’ordre immuable de la nature, qui nous a destinés à subir des pertes douloureuses ; mais comment prévoir celles