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souvenirs d’une actrice.

madame Saint-Huberty m’avait présentée chez madame Lemoine-Dubarry : je l’ai retrouvée à Toulouse. Ma belle-mère va beaucoup chez elle ; sa maison est une des plus agréables de la ville. On voit bien qu’elle arrive de Paris, car sa toilette et ses manières sont d’une élégance simple et de bon goût qui fait contraste avec celles de toutes ces dames de province. Cela me va bien, à moi, de parler ainsi ; qu’en pensez-vous ? Parce que je viens de passer quelque temps à Paris, je dirais volontiers, nous autres Parisiennes. Madame Lemoine m’a prise en amitié tout de suite, malgré la disproportion de nos âges, mais je suis tellement à mon aise avec elle, elle sait si bien se rapprocher de moi, qu’il me semble que je suis quelque chose lorsque nous sommes ensemble ; mais aussi avec les autres je me trouve Gros Jean comme devant. Elle doit me mener à sa charmante campagne, où elle donne des bals champêtres. J’ai vu chez elle le marquis de Grammont, premier capitoul gentilhomme. C’est un homme de quarante ans qui a dû être fort beau ; son air noble est imposant, mois il ne faut pas l’entendre parler, car son ton est