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souvenirs d’une actrice.

Fusil regretta bientôt l’indépendance de la vie de garçon. Comme j’avais reçu des propositions brillantes de la Belgique, pour les concerts, il fut d’avis que je devais les accepter, attendu que, ne jouant pas encore la comédie, je ne pouvais rien faire à Marseille, où il était engagé ; il partit donc pour cette ville, et me laissa chez mon père jusqu’au temps où je devais me rendre à Bruxelles.

Les chanteuses de cette époque étaient moins payées qu’à présent ; cependant celles de la bonne école étaient fort recherchées. Gluck, Saccini, Piccini, avaient opéré une révolution dans la musique. Les méthodes italienne et allemande commençaient à faire d’autant plus de progrès, que le théâtre de Monsieur, où l’on avait fait venir des chanteurs italiens, était en grande faveur : c’est à cette école que se sont formés Garat, Martin, mesdames Scio, Rosine. C’est aussi cette école italienne et allemande qui nous a donné Méhul, Gossec, Lesueur et Boïeldieu ; ils eussent été de grands compositeurs dans tous les temps, parce qu’ils avaient du génie ; mais ils ont formé leur mélodie, et leur instrumen-