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souvenirs d’une actrice.

soirées de musique à la cour, quelqu’un lui dit :

« — N’avez-vous pas chanté tel morceau avec la reine ?…

« — Ah oui ! répondit-il, d’un air attendri, pauvre princesse !… comme elle chantait faux !… »

C’est lui qui le premier a développé, dans toute leur étendue, les beaux moyens de madame Mainvielle-Fodor, qui est venue à Paris après madame Barrilli, admirable chanteuse qui l’eût été dans tous les temps.

Les Italiens conservent mieux que nous la fraîcheur de la voix dans un âge avancé. Madame Marrât avait plus de soixante ans lorsque j’ai chanté avec elle le beau duo de Mithridate. Ses moyens étaient encore d’une grande étendue, et sa voix moëlleuse et légère. Je lui ai l’obligation de m’avoir donné de très bons conseils, et j’ai eu en elle un excellent modèle ; mais la personne la plus étonnante que j’aie entendue dans ce genre là, c’est la femme du vieux Piccini. Il rassemblait tous les jeudis ses élèves, qui, réunis à sa famille, formaient un concert nombreux, et faisait exécuter la plupart du