Page:Fustel de Coulanges - Histoire des institutions politiques de l'ancienne France 5 (1922).djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gardaient s’appelaient castellani ou limitanei[1]. Autour de chaque castellum et le long du limes, il était de règle que la terre fût laissée à l’usage des soldats. Chaque petit corps de troupe avait quelques prairies pour nourrir des bêtes[2], et aussi quelques champs en labour. C’était le profit des soldats, et comme le complément de leur solde. C’était surtout leur ressource pour faire vivre leurs familles ; car les soldats de l’Empire, qu’ils fussent barbares ou romains, avaient d’ordinaire avec eux leurs femmes et leurs enfants[3].

C’est de ces sortes de terres qu’il est question dans les codes. Les empereurs se sont aperçus que quelques abus ont été commis, que des particuliers ont occupé plusieurs de ces terres ou les ont achetées. Ils font des lois pour restituer ces terres aux soldats, en annulant toute aliénation comme illicite[4].

    nianus magna animo concipiens et utilia, Rhenum omnem a Rætiarum exordio ad usque fretalem Oceanum magnis molibus communiebat, castra extollens altius et castella turresque assiduas per habiles locos et opportunos qua Galliarum extenditur longitudo, nonnunquam etiam ultra flumen ædificis positis subradens barbaros fines. – Code Théodosien, VII. 15, 1 : Munitionem limitis atque fossati. – Sur ce fossé du côté de la Germanie, voir Cohausen, der römische Grenzwall, 1884, etc.

  1. Castellanus miles, Code Théodosien, VII, 15, 2. – Duces et milites limitanei, Lampride, Vie d’Alexandre Sévère, c. 58. – Sur les limitanei milites opposés aux milites comitatenses, voy. une loi de 389 au Code Théodosien, VIII, 4, 17 ; une novelle de Théodose, XXIV, édit. Hænel, p. 102, et une loi du Code Justinien, I, 27, 2, $ 8 [Voir la Notitia Dignitatum, commentaire de Bœcking, p. 515 et suiv. Un diplôme militaire du iiie siècle mentionne les milites castellani, Ephemeris epigraphica, t. IV. p. 508].
  2. Tacite parle déjà de cet usage, Annales, XIII, 55 : Agros vacuos et militum usui sepositos… Partem campi jacere in quam pecora et armenta militum transmitterentur.
  3. Novelle de Théodose II, Hænel, p. 105, 106 [Code Justinien, XI, 60 (59), 3) : Agros limiltaneos universos cum paludibus et omni jure quos, ex prisca dispositione, limitanei milites ab omni munere vacuos ipsi curare pro suo compendio alque arare consueverunt.
  4. Ibidem : Si ab alis possidentur, cujuslibet spatii temporis præ-