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sace a suivi toutes nos destinées ; elle a vécu de notre vie. Tout ce que nous pensions, elle le pensait ; tout ce que nous sentions, elle le sentait. Elle a partagé nos victoires et nos revers, notre gloire et nos fautes, toutes nos joies et toutes nos douleurs. Elle n’a rien eu de commun avec vous. La patrie, pour elle, c’est la France. L’étranger, pour elle, c’est l’Allemagne.

Tous les raisonnements du monde n’y changeront rien. Vous avez beau invoquer l’ethnographie et la philologie. Nous ne sommes pas ici dans un cours d’université. Nous sommes au milieu des faits et en plein cœur humain. Si vos raisonnements vous disent que l’Alsace doit avoir le cœur allemand, mes yeux et mes oreilles m’assurent qu’elle a le cœur français. Vous affirmez, de loin, « qu’elle garde un esprit d’opposition provinciale contre la France » ; je l’ai vue de près ; j’ai connu des hommes de toutes les classes, de tous les cultes, de tous les partis politiques, et je n’ai trouvé cet esprit d’opposition contre la France nulle part. Vous insinuez qu’elle a une antipathie contre les hommes de Paris ; je me vante de savoir avec quelle sympathie elle