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L’évêque, que l’on a si durement repoussé du camp allemand, était un Alsacien. Ceux qui ont si vaillamment combattu, ceux qui ont frappé l’ennemi par de si rudes sorties étaient des Alsaciens. Tous ces hommes-là, sans doute, parlaient votre langue ; mais ils ne se sentaient certainement pas vos compatriotes. Et ces soldats allemands qui lançaient des bombes contre Strasbourg, qui visaient la cathédrale, qui brûlaient le Temple-Neuf, la bibliothèque, les maisons, l’hôpital, qui, respectant les remparts et ménageant la garnison, n’étaient impitoyables que pour les habitants, dites franchement, la main sur le cœur, se sentaient-ils leurs compatriotes ? Ne parlez donc plus de nationalité, et surtout gardez-vous bien de dire aux Italiens : Strasbourg est à nous du même droit que Milan et Venise sont à vous ; car les Italiens vous répondraient qu’ils n’ont bombardé ni Milan ni Venise. Si l’on avait pu avoir quelque doute sur la vraie nationalité de Strasbourg et de l’Alsace, le doute ne serait plus possible aujourd’hui. La cruauté de l’attaque et l’énergie de la défense ont fait éclater la vérité à tous les yeux. Quelle preuve plus forte voudriez-