Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1864.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
LIVRE III. LA CITÉ.

le dieu et descendit au rang d’autel du dieu, d’instrument pour le sacrifice. Il fut chargé de brûler la chair de la victime et de porter l’offrande avec la prière de l’homme à la divinité majestueuse dont la statue résidait dans le temple.

Lorsqu’on voit ces temples s’élever et ouvrir leurs portes devant la foule des adorateurs, on peut être assuré que l’association humaine a grandi.


CHAPITRE III.

LA CITÉ SE FORME.

La tribu, comme la famille et la phratrie, était constituée pour être un corps indépendant, puisqu’elle avait un culte spécial dont l’étranger était exclu. Une fois formée, aucune famille nouvelle ne pouvait plus y être admise. Deux tribus ne pouvaient pas davantage se fondre en une seule ; leur religion s’y opposait. Mais de même que plusieurs phratries s’étaient unies en une tribu, plusieurs tribus purent s’associer entre elles, à la condition que le culte de chacune d’elles fût respecté. Le jour où cette alliance se fit, la cité exista.

Il importe peu de chercher la cause qui détermina plusieurs tribus voisines à s’unir. Tantôt l’union fut volontaire, tantôt elle fut imposée par la force supérieure d’une tribu ou par la volonté puissante d’un homme. Ce qui est certain, c’est que le lien de la nouvelle association fut encore un culte. Les tribus qui se groupèrent pour former une cité, ne manquèrent jamais d’allumer un feu sacré et de se donner une religion commune.

Ainsi la société humaine, dans cette race, n’a pas