Une révolution analogue apparaît dans le droit athénien. On sait que deux codes de lois ont été rédigés à Athènes, à la distance de trente années, le premier par Dracon, le second par Solon. Celui de Dracon a été écrit au plus fort de la lutte entre les deux classes, et lorsque les eupatrides n’étaient pas encore vaincus. Solon a rédigé le sien au moment même où la classe inférieure l’emportait. Aussi les différences sont-elles grandes entre les deux codes.
Dracon était un eupatride ; il avait tous les sentiments de sa caste et « était instruit dans le droit religieux[1]. » Il ne paraît pas avoir fait autre chose que de mettre en écrit les vieilles coutumes, sans y rien changer. Sa première loi est celle-ci : « On devra honorer les dieux et les héros du pays et leur offrir des sacrifices annuels, sans s’écarter des rites suivis par les ancêtres[2]. » On a conservé le souvenir de ses lois sur le meurtre ; elles prescrivent que le coupable soit écarté des temples, et lui défendent de toucher à l’eau lustrale et aux vases des cérémonies[3].
Ses lois parurent cruelles aux générations suivantes. Elles étaient en effet dictées par une religion implacable qui voyait dans toute faute une offense à la divinité, et dans toute offense à la divinité un crime irrémissible. Le vol était puni de mort, parce que le vol était un attentat à la religion de la propriété.
Un curieux article qui nous a été conservé de cette législation[4] montre dans quel esprit elle fut faite. Elle n’accordait le droit de poursuivre un crime en justice