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LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

La classe riche ne garda pas l’empire aussi longtemps que l’ancienne noblesse héréditaire l’avait gardé. Ses titres à la domination n’étaient pas de même valeur. Elle n’avait pas ce caractère sacré dont l’ancien eupatride était revêtu ; elle ne régnait pas en vertu des croyances et par la volonté des dieux. Elle n’avait rien en elle qui eût prise sur la conscience et qui forçât l’homme à se soumettre. L’homme ne s’incline guère que devant ce qu’il croit être le droit ou ce que ses opinions lui montrent comme fort au-dessus de lui. Il avait pu se courber longtemps devant la supériorité religieuse de l’eupatride qui disait la prière et possédait les dieux. Mais la richesse ne lui imposait pas. Devant la richesse, le sentiment le plus ordinaire n’est pas le respect, c’est l’envie. L’inégalité politique qui résultait de la différence des fortunes, parut bientôt une iniquité, et les hommes travaillèrent à la faire disparaître.

D’ailleurs la série des révolutions, une fois commencée, ne devait pas s’arrêter. Les vieux principes étaient renversés, et l’on n’avait plus de traditions ni de règles fixes. Il y avait un sentiment général de l’instabilité des choses, qui faisait qu’aucune constitution n’était plus capable de durer bien longtemps. La nouvelle aristocratie fut donc attaquée comme l’avait été l’ancienne ; les pauvres voulurent être citoyens et firent effort pour entrer à leur tour dans le corps politique.

Il est impossible d’entrer dans le détail de cette nouvelle lutte. L’histoire des cités, à mesure qu’elle s’éloigne de l’origine, se diversifie de plus en plus. Elles poursuivent la même série de révolutions ; mais ces révolutions s’y présentent sous des formes très-variées. On peut du moins faire cette remarque que dans les villes