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tectrices Poséidon et Athéné. Tout à côté, sur la petite colline où fut l’Aréopage, le dieu protecteur était Arès ; à Marathon c’était un Hercule, à Prasies un Apollon, un autre Apollon à Phlyes, les Dioscures à Céphale et ainsi de tous les autres cantons[1].

Chaque famille, comme elle avait son dieu et son autel, avait aussi son chef. Quand Pausanias visita l’Attique, il trouva dans les petits bourgs d’antiques traditions qui s’étaient perpétuées avec le culte ; or ces traditions lui apprirent que chaque bourg avait eu son roi avant le temps où Cécrops régnait à Athènes. N’était-ce pas le souvenir d’une époque lointaine où ces grandes familles patriarcales, semblables aux clans celtiques, avaient chacune son chef héréditaire, qui était à la fois prêtre et juge ? Une centaine de petites sociétés vivaient donc isolées dans le pays, ne connaissant entre elles ni lien religieux ni lien politique, ayant chacune son territoire, se faisant souvent la guerre, étant enfin à tel point séparées les unes des autres que le mariage entre elles n’était pas toujours réputé permis[2].

Mais les besoins ou les sentiments les rapprochèrent. Insensiblement elles s’unirent en petits groupes, par quatre, par cinq, par six. Ainsi nous trouvons dans les traditions que les quatre bourgs de la plaine de Marathon s’associèrent pour adorer ensemble Apollon Delphinien ; les hommes du Pirée, de Phalère et de deux cantons voisins s’unirent de leur côté, et bâtirent en commun un temple à Hercule[3]. À la longue cette centaine de petits États se réduisit à douze confédérations. Ce changement, par lequel la population de l’Attique passa de l’état de famille patriarcale à une société un peu plus étendue, était attribué par les traditions aux efforts

  1. Pausanias, I, 15 ; I, 31 ; I, 37 ; II, 18.
  2. Plutarque, Thésée, 13.
  3. Id., ibid., 14. Pollux, VI, 105. Étienne de Byzance, ὲχελίδαι.