Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/453

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Mineure, toutes ayant eu Énée pour fondateur ou étant colonies de villes fondées par lui, toutes ayant par conséquent un culte commun avec Rome. On peut voir dans les guerres qu’elle fit en Sicile contre Carthage, et en Grèce contre Philippe, quel parti elle tira de cette antique parenté.

La population romaine était donc un mélange de plusieurs races, son culte un assemblage de plusieurs cultes, son foyer national une association de plusieurs foyers. Elle était presque la seule cité que sa religion municipale n’isolât pas de toutes les autres. Elle touchait à toute l’Italie, à toute la Grèce. Il n’y avait presque aucun peuple qu’elle ne pût admettre à son foyer.

2° Premiers agrandissements de Rome (753-350 avant Jésus-Christ)

Pendant les siècles où la religion municipale était partout en vigueur, Rome régla sa politique sur elle.

On dit que le premier acte de la nouvelle cité fut d’enlever quelques femmes sabines : légende qui paraît bien invraisemblable, si l’on songe à la sainteté du mariage chez les anciens. Mais nous avons vu plus haut que la religion municipale interdisait le mariage entre personnes de cités différentes, à moins que ces deux cités n’eussent un lien d’origine ou un culte commun. Ces premiers Romains avaient le droit de mariage avec Albe, d’où ils étaient originaires, mais ils ne l’avaient pas avec leurs autres voisins, les Sabins. Ce que Romulus voulut conquérir tout d’abord, ce n’étaient pas quelques femmes, c’était le droit de mariage, c’est-à-dire le droit de contracter des relations régulières avec la population sabine. Pour cela, il lui fallait établir entre elle et lui un lien religieux ; il adopta donc le culte