Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/466

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ligue achéenne, tant qu’elle est gouvernée par l’aristocratie, leur est favorable ; que les hommes comme Philopémen et Polybe souhaitent l’indépendance nationale, mais aiment encore mieux la domination romaine que la démocratie ; que dans la ligne achéenne elle-même il vient un moment où le parti populaire surgit à son tour ; qu’à partir de ce moment la ligue est l’ennemie de Rome ; que Diaeeos et Critolaos sont à la fois les chefs de la faction populaire et les généraux de la ligue contre les Romains ; et qu’ils combattent bravement à Scarphée et à Leucopétra, moins peut-être pour l’indépendance de la Grèce que pour le triomphe de la démocratie.

De tels faits disent assez comment Rome, sans faire de très grands efforts, obtint l’empire. L’esprit municipal disparaissait peu à peu. L’amour de l’indépendance devenait un sentiment très rare, et les cœurs étaient tout entiers aux intérêts et aux passions des partis. Insensiblement on oubliait la cité. Les barrières qui avaient autrefois séparé les villes et en avaient fait autant de petits mondes distincts, dont l’horizon bornait les vœux et les pensées de chacun, tombaient l’une après l’autre. On ne distinguait plus, pour toute l’Italie et pour toute la Grèce, que deux groupes d’hommes : d’une part une classe aristocratique, de l’autre un parti populaire, l’une appelant la domination de Rome, l’autre la repoussant. Ce fut l’aristocratie qui l’emporta, et Rome acquit l’empire.

4° Rome détruit partout le régime municipal

Les institutions de la cité antique avaient été affaiblies et comme épuisées par une série de révolutions. La domination romaine eut pour premier résultat d’achever de les détruire, et d’effacer ce qui en