Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1870.djvu/474

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la transformer elle aussi, afin de faire d’eux et de Rome un même corps. Ce fut une œuvre longue et difficile.

5° Les peuples soumis entrent successivement dans la cité romaine

On vient de voir combien la condition de sujet de Rome était déplorable, et combien le sort du citoyen devait être envié. La vanité n’avait pas seule à souffrir ; il y allait des intérêts les plus réels et les plus chers. Qui n’était pas citoyen romain n’était réputé ni mari ni père ; il ne pouvait être légalement ni propriétaire ni héritier. Telle était la valeur du titre de citoyen romain que sans lui on était en dehors du droit, et que par lui on entrait dans la société régulière. Il arriva donc que ce titre devint l’objet des plus vifs désirs des hommes. Le Latin, l’Italien, le Grec, plus tard l’Espagnol et le Gaulois aspirèrent à être citoyens romains, seul moyen d’avoir des droits et de compter pour quelque chose. Tous, l’un après l’autre, à peu près dans l’ordre où ils étaient entrés dans l’empire de Rome, travaillèrent à entrer dans la cité romaine, et, après de longs efforts, y réussirent.

Cette lente introduction des peuples dans l’État romain est le dernier acte de la longue histoire de la transformation sociale des anciens. Pour observer ce grand événement dans toutes ses phases successives, il faut le voir commencer au quatrième siècle avant notre ère.

Le Latium avait été soumis ; des quarante petits peuples qui l’habitaient, Rome en avait exterminé la moitié, en avait dépouillé quelques-uns de leurs terres, et avait laissé aux autres le titre d’alliés. En 347, ceux-ci s’aperçurent que l’alliance était toute à leur détriment, qu’il leur fallait obéir en tout, et qu’