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50 LITRE II. LA FAMILLE.

offrandes funèbres, au repos des mânes des ancêtres, L'adop- tion n'ayant sa raison d'être que dans la nécessité de prévenir l'extinction d'un culte, il suivait de là qu'elle n'était permise qu'à celui qui n'avait pas de fils. La loi des Hindous est for- melle à cet égard*. Celle d'Athènes ne l'est pas moins; tout le plaidoyer de Démosthèae contre Léocharès en est la preuve •. Aucun texte précis ne prouve qu'il en fût de même dans l'ancien droit romain, et nous savons qu'au temps de Gaîus un même homme pouvait avoir des fils par la nature et des fils par l'adoption. Il paraît pourtant que ce point n'était pas admis ^n droit au temps de Cicéron, car dans un de ses plaidoyers; l'orateur s'exprime ainsi : o Quel est le droit qui régit l'adop- tion? Ne faut-il pas que l'adoptant soit d'âge à ne plus avoir d'enfants, et qu'avant d'adopter il ait cherché à en avoir? Adopter, c'est demander à la religion et à la loi ce qu'on n'a pas pu obtenir de la nature* ». Cicéron attaque l'adoption de Glodius en se fondant sur ce que l'homme qui l'a adopté a déjà un fils, et il s'écrie que cette adoption est contraire au droit religieux.

Quand on adoptait un fils, il fallait avant tout l'initier à son culte, l'introduire dans sa religion domestique, l'approcher de ses pénates* ». Aussi l'adoption s'opérait-elle par une céré- monie sacrée qui paraît avoir été assez semblable à celle qui marquait la naissance du fils. Par là le nouveau venu était admis au foyer et associé à la religion. Dieux, objets sacrés, rites, prières, tout lui devenait commun avec son pèreadoptif. On disait de lui in tacra transiit, il est passé au culte de sa nouvelle famille*.

��I. Lois de Manou, IX, 168, 174. DattacctSandHea, tr. Orianne, P 260.

J. Voy. aussi Isée, De Menedis hered., 11-14.

S. Cicéron, Pro domo, 13, i4. Comparer ce que dit Aulu-Gelle relatiTement

l'adrogation, qui était l'adoption d'un homo ew juris : arrogatxones non te- Jnere nec inexplicate committuniur ; nom comitia, arbitris pontificibus, prœbentur; selasque ejus qui arrogare vult an liberiê gignendis idonca fit considwofur (Aulu-Gelle, V, I9). '

4. 'EicIt4 itpà ifHv, bée. De ApaUod. her., 1. Ventre in iocra, Cicéron, Pro domo, 13; in penatet adsciscere, Tacite, Hitt., l,t%.

5. Valère-Muime, VII, 7. Cicéron, Pro domo, 13 : e$t h«re$ lacrorum.

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