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ciiAP. iv. l'adoption et l'émancipation. 57

Par cela même il renonçait au culte de l'ancienne ^ Nous vons vu, en effet, que d'après ces vieilles croyances le même homme ne pouvait pas sacrifier à deux foyers ni honorer deux séries d'ancêtres. Admis dans une nouvellemaison, la maison paternelle lui devenait étrangère. Il n'avait plus rien de com- mun avec le foyer qui l'avait vu naître et ne pouvait plus offrir le repas funèbre à ses propres ancêtres. Le lien de la naissance était brisé ; le lien nouveau du culte l'emportait*. L'homme devenait si complètement étranger à son ancienne famille que, s'il venait à mourir, son père naturel n'avait pas le droit de se charger de ses funérailles et de conduire son convoi. Le fils adopté ne pouvait plus rentrer dans son ancienne famille; tout au plus la loi le lui permettait-elle, si, ayant un fils, il le laissait à sa place dans la famille adoptante. On considérait que, la perpétuité de cette famille étant ainsi assurée, il pouvait en sortir. Mais en ce cas il rompait tout lien avec son propre fils •.

A l'adoption correspondait comme corrélatif l'émancipation. Pour qu'un fils pût entrer dans une nouvelle famille, il fallait nécessairement qu'il eût pu sortir de l'ancienne, c'est-à-dire qu'il eût été affranchi de sa religion*. Le principal effet de l'émancipation était le renoncement au culte de la famille où l'on était né. Les Romains désignaient cet acte par le nom bien significatif de sacrorum deteslatio'^. Le fils émancipé n'était plus, ni pour la religion ni pour le droit, membre de U famille.

��1. Amissis tacriê patemis, Cicéron, Pro domo. ' 2. Tite-Live, XLV, 40 : Duo filii quos, duobus aliis datiê in adopiîonem, lo$ sacrorum herede» retinueral demi.

3. ïsée, De Philoet. her., 4& : De Aristarchi her., ii. Démosthène, tu Leo- etuirem, 68. AntiphoD, fragm. li. Harpocratioo, éd. Bekker, p. 140. — Com-

orer Loiê de Manou, IX, 143.

4. Conauetudo apud aniiquos fuit ut qui in fatniliam transiret priua et abdicaret ab ea in qua natus fuerat. Servius, ad ^n., Il, 156.

5. Aulu-Gelle, XV, 27. Comparer ee que les Grecs appelaient ànoxiip'jîi?. Platon,

Loiê, XI, p. 9'2S : uni x^fuicof IvayTtov inky^mi finttitttv uUv xatà yiiioy |i.i|xiTi l'ivu.

Cl. Lacien, XXIX, U fila déahériti. PoUui, IV, »3. Hésychius, t« l«xi|;<iiii<f.

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