Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/500

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— Je l’espère ainsi, dit Rodach.

— Quand vous reviendrez, nous nous occuperons de mes chers associés… pendant votre absence, je me charge de préparer les voies.

Rodach se leva et jeta dans le foyer le reste de son cigare.

— Je compte sur votre habileté, mon cher monsieur, dit-il, et, quant à moi, je ferai de mon mieux.

— Souvenez-vous qu’il faut être rendu à Amsterdam jeudi prochain, 8 février, à midi au plus tard !

— Je partirai demain en poste, et je prends l’engagement formel de frapper jeudi prochain à la porte du digne Van-Praët avant que midi ait sonné.

— Voulez-vous que je vous fasse la conduite jusqu’au premier relai ? demanda Abel.

— Si ce n’est point pour vous trop de peine, j’accepte avec reconnaissance.

— Comme cela, pensa le jeune homme, je serai bien sûr qu’il partira ! En vous conduisant, poursuivit-il tout haut, je vous apporterai ma procuration, tous les dossiers de l’affaire, et je vous donnerai les derniers renseignements qui pourront vous être utiles… À demain donc, cher monsieur !

— Cher monsieur, à demain.

Les deux nouveaux associés se serrèrent la main d’amitié grande, et M. le baron de Rodach prit congé.

Quand il fut sorti, le jeune Geldberg se frotta les mains d’un air triomphant.

— Quelle corvée de moins ! s’écria-t-il ; voilà un brave homme qui se croit sans doute bien profondément diplomate, avec son air grave et sa froideur d’emprunt !… Il n’en est pas moins vrai qu’il a fait tout ce que j’ai voulu.

Il eut un rire machiavélique, et se regarda dans sa glace pour voir s’il ressemblait aux portraits de feu M. de Talleyrand.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il y avait dix minutes environ que Rodach avait quitté le sanctuaire du jeune de Geldberg.

Il se promenait bras dessus bras dessous avec M. le chevalier de Rein-