Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/245

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dans chacun de ces petits preys pour y loger le foin et leurs vaches qui le mangent pendant l’hyver. Il arrive souvent que le foin de ces cabanes est consommé et qu’il faut absolument en tirer les vaches pour les conduire dans une autre, quelquefois distante d’une lieue, dans un temps ou il y a beaucoup de neiges. Ce trans port ne pouvant souffrir de retard, tous les habitants de la contrée font faire des tranchées, quelquefois de 19 à 15 pieds de profondeur dans la neige, pour le passage de ces vaches ; l’été, elles vont brouter entre les pierres[1].

Les habitants de Gérardmer avaient, à diverses époques, obtenu des franchises pour conduire leurs grains ou leur bétail aux foires.

Le 25 Septembre 1557, ils avaient obtenu du « très illustre prince Mgr de Vaudémont, franchise sur les marchés de Saint-Dié, sauf pour le bétail. »

Peu de temps après ils sollicitèrent de nouvelles franchises au sujet « de l’enseigne levée ». Sur les marchés de la plupart des villes de Lorraine, on installait soit le drapeau de la ville, soit l’écusson de ses armes ; pendant tout le temps où cette enseigne était exposée, les bourgeois de la ville seuls avaient le droit d’acheter des denrées alimentaires, à l’exclusion des revendeurs, de façon à leur permettre d’avoir des prix modérés ; dès que l’enseigne était levée, le marché était libre pour tous les acheteurs, étrangers ou non.

Les habitants de Gérardmer, dans leur supplique, représentent au duc de Lorraine que :

Combien qu’ils soien en lieux et territoire stéril et infructueux, et où il n’y croit grains pour leur nourriture, ce néantmoins ne peuvent encore avoir commodité d’estre fourny de bledz et aultrce grains pour leur deffruict à cause de l’empeschement que leur est faict aux marchez de Remiremont, Sainct Diez, Bruyères et Espinal, où les habitans d’iceulx lieux ne leur veuillent permettre achepter blez

  1. Les ducs de Lorraine estimaient fort le bétail des Hautes-Vosges pour en peupler leurs « ménageries ou fermes ». Ainsi, le duc Charles IV fit acheter, à Gérardmer, 6 vaches à 96 francs l’une, à Munster 18 vaches et un taureau, pour la vacherie de La-Neuveville-lez-Nancy (1629) (D’après H. Lepage).