Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/273

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La poterie que fabriquait autrefois Gérardmer s’appelle pierraille ou cailloutage. Elle se distingue à première vue de toutes les autres et mérite la place d’honneur au milieu de ses rivales vosgiennes, « par une finesse de pâte, une recherche de la forme et une qualité d’émail que n’ont jamais atteint les autres fabriques de nos pays. Elle se reconnaît à son décor imitant un marbre foncé, le plus souvent brun-rouge et noir parsemé de veines blanches très fines, tandis que les autres et certains ornements appliqués à la surface sont en pâte blanc-jaunâtre, rehaussés de filets bruns. »

Les fondateurs de l’industrie du potier, à Gérardmer, furent du reste deux Bavarois: les frères Etienne et Philippe Roch.

Leur moulin à broyer la pierre était installé sur le Rupt-du-Chêne (en patois : lo Ript-do-Châne), entre Rouen et les Xettes. On l’appelait le Moulin des Cailloux. Sans nul doute les potiers se servaient des minerais qui existaient à La Basse-la-Mine, au bas des Xettes ; la pâte blanche, composée de quartz et de feldspath, était tirée de la pegmatite, roche abondante dans cet endroit. Avant de la piler dans des meules analogues à celles des huileries, on la chauffait au rouge puis on la jetait dans l’eau ; la désagrégation était bien plus aisée ensuite.

Les débris de la mine de fer donnaient les pâtes jaunes et rouges ; les minerais de cuivre fournissaient les pâtes verdâtres, les minerais de manganèse, les brunes noirâtres.

La pâte, soumise ensuite à un lavage par décantation, était ressuyée, pétrie aux pieds par le marchage, battue à la main en galettes, rendue plastique par la pourriture avec du purin, et enfin transportée dans la fabrique située au Pré-de-Cheny.

C’est là qu’elle recevait sa dernière préparation et sa forme définitive.