Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dégoûté de la vie de la cour, et se reprochant à lui-même la vie absurde qu’il avait menée, se retira dans la solitude et dans la forêt qui est appelée Longe-mer. Il éleva une chapelle au divin Barthélémy (au saint), et pour lui, une cellule. Là, par une persévérance admirable, cet homme qui avait été nourri dans les délices d’une cour, persévéra comme on le rapporte. Il y a là aussi un lac, d’où la rivière Vologne tire son origine, laquelle, coulant à travers la vallée des champs, se jette dans la Moselle un peu au-dessous de Docelles. Ce fleuve charrie des pierres précieuses ou moules[1], non inférieures, pour la grandeur et la couleur purpurines, à celle de l’Orient[2].

Si l’on n’admet pas, – et rien n’autorise à le croire, – que Gérard d’Alsace ait fait de Gérardmer un rendez-vous de chasse et de pêche, cette dernière localité ne lui devrait donc pas son nom.

C’est du reste l’opinion du P. Benoît Picard, « d’un écrivain dur, mais exact ; il est fait pour instruire et il n’a que cet avantage. Sec, et toujours éloigné du ton qu’il faut prendre pour plaire, cet historien ne peut être lu avec plaisir que par ceux qui ont besoin de lui[3] ». Le Capucin toulois critique, en ces termes, le « Traité historique et critique de l’origine de la maison de Lorraine », par le P. Hugo, abbé d’Étival :

« J’ai cru autrefois que le village de Gérardmer empruntait son nom au duc Gérard,

  1. Il s’agit de la moule à perle (Unio elongata). On ne la trouve dans la Vologne qu’au-dessous du confluent du Neuné.
  2. Cette traduction est aussi littérale que possible ; voici le texte latin : Per idem tempus, Bilonus, servus Gerardii, ducis Lotharingis, vite pertesus aulice, et semetipsum corripiens ob vitam absurde actam, in solitudinem secessit, atque in saltu di Longummare vocatur, sacellum divo Bartholomeo et sibi cellulam erexit, ubi, mirabilii constantia, vir in aule delitiis enutritus, perseverasse fertur. Est ibi lacus, unde Volumna fluvius originem fluit, qui preterfluens vallem Camporum, in Mosellam paululum infra Docellas labitur. Hic fluvius baccas sive uniones fert, magnitudine et colore subrubeo orientalibus non inferiores.
  3. Chevrier, cependant peu louangeur de sa nature.