Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/314

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vient de megnèye, mot patois qui signifie domestique, et hennequin ou hennekin, esprit infernal.

On désignait en effet sous ce nom la troupe des domestiques d’un esprit puissant qui, pendant l’hiver, dans les nuits brumeuses, faisait entendre dans les airs des concerts où des cris lugubres se mêlaient aux sons d’une musique retentissante.

C’était le sabbat des démons qui emportait dans les tourbillons magiques les personnes du pays dont l’âme leur était assurée. Cette croyance, qui va s’affaiblissant, n’est encore qu’un reste du paganisme de l’ancien culte de « Diane, qui eut longtemps ses adorateurs dans nos forêts vosgiennes, puis, sous l’influence du catholicisme, s’est transformé en celui de saint Hubert.[1] »

La mannihennekin de la montagne des Vosges, c’est la chasse de Jean des Baumes, la Chasse sauvage des Allemands.

« Il existe proche Rozerotte un bois dit Bois des Baumes, que les habitants du pays croient habité par l’âme d’un ancien chasseur appelé Jean des Baumes. On raconte que pour avoir chassé chaque dimanche sans avoir jamais pensé à Dieu, il fut condamné à chasser éternellement sans pouvoir atteindre le gibier qu’il poursuit. On prétend même que, pendant certaines nuits de l’année, on l’entend encourager ses chiens[2]. »

M. Voulot raconte aussi[3] qu’au pied du Donon, les montagnards passant le soir dans une forêt sombre, à la lueur des éclairs, au bruit retentissant de la foudre, ne manquent jamais de réciter cette prière qui les préserve de tous les dangers :

Grand saint Hubert, patron des Ardeignes ! gu’avez eu la gloire

  1. Dr Fournier. Vieilles légendes. Ouvrage cité.
  2. Dr A. Fournier. Ouvrage cité.
  3. Les Vosges avant l’histoire.