Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/316

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était alors précipité dans les lacs de Longemer ou de Retournemer où il se noyait, ou bien il était brisé contre les rochers dans un saut effroyable.

Il existe encore des vieux montagnards de Gérardmer qui croient au sabbat. Ils racontent, avec conviction, qu’ils en ont fait partie ou en ont vu les preuves irrécusables. L’un d’eux ne nous certifiait-il pas avoir trouvé, un matin, sur le sable, à la Beheuille, des traces de pied fourchu, un soulier de femme, des manches à balai et divers débris du festin qu’avaient fait en cet endroit les diables et les sorciers !

Loups-Garous

Plusieurs cavernes des montagnes de Gérardmer passent pour avoir donné asile aux Loups-Garous. C’étaient, disent les anciens, des hommes qui vivaient comme des loups et mangeaient les petits enfants comme les ogres du temps des fées, ou guettaient les voyageurs qui passaient près de leurs repaires.

Le souvenir de ces êtres fantastiques s’est perpétué dans le jeu si connu de Chasse au Darou, mystification généralement anodine, avec laquelle les indigènes se font un malin plaisir de s’égayer aux dépens des nouveaux venus.

Le Darou est personnifié sous la forme d’un animal étrange, le Falkenar. On voit cet être fabuleux, de la taille du renard, au pelage gris bleuté, rôder sur le coup de minuit, autour des habitations où doit se produire un décès à brève échéance. À la pâle clarté de la lune, on l’a vu se promener, les soirs d’hiver, sur la Roche-du-Page. Son museau de fouine au vent, ses yeux qui brillent comme des charbons ardents, jettent l’effroi au cœur du montagnard qui s’est attardé à la veillée.