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quatre coins de l’horizon. Il y eut des tremblements de terre, et trois crevasses s’ouvrirent qui donnèrent naissance aux lacs de Gérardmer, de Longemer et de Retournemer. Des enfants furent métamorphosés en hurlins (petites perches des lacs), et ces poissons se sont perpétués depuis dans les eaux lacustres.

Vénus, en se baignant dans la Vologne, y donna naissance aux perles, jadis si célèbres, qu’a chantées le poète :

La Vologne, vray Gange de la Vôge,
Attiré du Prieur et la veüe et l’éloge.
Il y voit se former et les perles[1] et l’or,
Q’on trouve dans son sein, qui brillent sur son bord[2].

Le Charbonnier du Hoheneck[3]

Il est peu d’habitants de Gérardmer qui ne tentent, au moins une fois dans leur vie, l’ascension du Hoheneck, la montagne la plus élevée des environs.

Tout en foulant l’herbe parfumée des hautes chaumes, l’excursionniste peut se faire conter par les schlitteurs la légende du Charbonnier du Hoheneck.

Voici cette légende telle que nous l’a contée, près de la Fontaine-de-la-Duchesse, un bûcheron nonagénaire, telle que l’a contée aussi, avant nous, Henri Berthoud.

C’était en 1814, en Janvier, lors de l’invasion des alliés. Un détachement de Cosaques pilla la cabane où vivait le charbonnier du Hoheneck, et tua sa mère et ses trois enfants. Il était absent avec sa femme, lors de cette catastrophe. En voyant, à son retour, ces quatre cadavres et la ruine de tout ce qu’il possédait, il voulut se venger et sauta sur son fusil. Ils sont vingt-deux, dit la femme, tu

  1. Il s’agit de la moule allongée (unio elongata), qu’on ne trouve dans la Vologne qu’au-dessous de son confluent avec le Neuné. Il y avait un garde spécial de ces perles ; en 1734, la duchesse régente accorda à Nicolas Pierron, de Fiménil, un brevet l’exemptant des charges, car il était garde des perles de la Vologne depuis trente ans.
  2. Statistique des Vosges, t.II, p. 547.
  3. Gérardmer-Saison, 7. Louis Dulac.