Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/79

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Le droit fut acquitté régulièrement dès l’origine, puisque le sieur Coppat, curé de Corcieux, écrivit aux habitants de Gérardmer une lettre de remercîment[1] que nous avons cru devoir reproduire pour donner une idée du style de l’époque. Cette lettre, datée du 5 Octobre 1680, fut envoyée de Corcieux. Elle est un modèle de calligraphie :

Messieurs,

Pendant le temps que j’ai eu l’honneur de demeurer à Gérardmer, je me suis trouvé si confus parmy ses bienfaits et les honneurs que j’y ai receu de vostre communauté, que dans ce ravissement continuel il ne m’a jamais esté possible de trouver des paroles qui fussent dignes de vous exprimer mon ressentiment et ma gloire. Maintenant que mon esprit semble un peu plus libre, je suis contraint d’avouer qu’il n’y a point d’éloquence au monde qui ne soit au-dessous de vos honnêtetés. Et il faut certainement qu’elle soit bien généralle, puisqu’elle s’est estandue jusqu’à moy, qui suis à mon grand regret le plus inutile de tous ceux qui se sont jamais vouëz à votre service. Et le plus grand desplaisir qui me reste maintenant, c’est de m’estre séparez de vous, Messieurs, sans vous avoir servuie comme vous méritiez, et de ne m’estre pas rendus digne de l’honneur de vostre amitié. C’est pourquoy maintenant je n’ay rien tant à craindre, sinon la perte de vostre bon souvenir que je vous supplie de me conserver toujours, et plût à Dieu que je peusse remercier de vive voix toute la communauté en particulier, et vous faire voir au défaut de toute reconnaissance, un visage où le ressentiment[2] de vos bienfaits est aussi bien peint que celuy de ma douleur ; mais puisque cela ne se peut, contentez-vous, Messieurs, s’il vous plaist, d’un adieu, et assurez-vous qu’en quelque part que je sois, je me conserveray toujours la mémoire de vostre bonté, qui seule m’oblige encore à faire estat de la vie, sur l’espérance que j’ay que Dieu ne permettra pas que je demeure ingrat

  1. Archives communales G.G.VI.
  2. Le bon souvenir.