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Page:Gérard - Correspondance choisie de Gœthe et Schiller, 1877.djvu/48

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Je l’ai terminée au milieu d’une grande activité, et pour avoir achevé quelque chose, si vous venez, je me suis quelque peu surchargé pendant ces derniers jours. Maintenant je suis au terme de mon travail, et je pourrai si vous venez, vous le soumettre.

Je me réjouis d’avance de lire la suite de Wilhelm Meister, que vous m’apporterez sans doute ; j’en jouirai d’autant plus maintenant que je soupire positivement après une représentation de la destinée individuelle de l’homme.

Ne pourriez-vous aussi nous faire entendre quelques scènes de Faust ? Madame de Kalb, qui en connaît quelque chose, a excité au dernier point ma curiosité, et je ne vois pas qu’il y ait rien, dans tout le monde poétique, qui puisse me faire plus de plaisir.

J’espère, d’ici à quelques jours, ou vous voir vous-même, ou recevoir quelque nouvelle de l’époque de votre venue.

Tout le monde vous fait ses meilleurs compliments.

Schiller.

12.

Réponse de Gœthe à la lettre précédente.

Bien du bonheur pour la nouvelle année ! passons-la, comme nous avons terminé la précédente, avec un intérêt réciproque pour tout ce que nous faisons et tout ce que nous aimons. Si les esprits de même nature ne s’unissent pas, que deviendront la société et la sociabilité ? Je suis plein de joie, dans l’espérance que l’action que nous exerçons l’un sur l’autre et notre confiance mutuelle iront toujours en croissant.

Ci-joint le premier volume de mon roman. Le second exemplaire est pour Humboldt. Puisse le second livre vous causer le même plaisir que le premier ! Je vous apporterai le troisième en manuscrit.

Je pense bien vous livrer en temps opportun l’histoire du revenant.

Je suis bien désireux de voir votre travail. Meyer vous salue. Nous arriverons probablement le dimanche 11. D’ici là vous aurez encore de mes nouvelles. Portez-vous bien.

Gœthe.
Weimar, le 3 janvier 1795.