Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/101

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cosse ; 9° des troites rôties et semblablement des bugnets en façon de poire. « Sur tous les mets avoient de la poudre (de safran) sur les bords des plats bien largement, et nota que au plustôt que le plat estoit apporté sur la table, chacun y mettoit la main et aucunes fois le moindre estoit le premier. » Tout le monde remarquera l’absence de la viande ; le 21 juin 1469 fut, en effet, un jour maigre. Le souper fini, l’on apporta à laver au duc et aux deux margraves. Le narrateur nous a conservé un détail de la manière de servir à cette époque. « En regard des serviteurs y avoit un escuyer ayant large cousteau à desservir de chacun mets ; et prenoit les tranchouers de pain (morceau de pain mince taillé en forme d’assiette et sur lequel on découpait la viande) et devant chacun ensemble ce qui étoit demeuré dessus et les jettoit en ung panier à vendangier estant au milieu de la chambre ; et après à son dict cousteau prenoit nouveaux tranchouers esquels il faisoit prendre un tour sur le dict cousteau. » Quand le duc d’Autriche voulait boire, son écuyer approchait de ses lèvres une des deux grandes coupes de vermeil dont j’ai parlé, et pendant qu’il buvait, l’écuyer lui tenait le couvercle de la coupe sous le menton. Le margrave de Bade buvait avec un cérémonial plus solennel. Il se servait de la seconde coupe, mais son écuyer, au lieu de lui placer le couvercle sous le menton, « le tenait en sa main bien haut, ainsi que l’on tient la platine du calice en plusors grandes messes depuis l’élévation du corpus Domini jusqu’à Pater noster[1] ».

L’on traitait mieux les évêques que les archiducs. En 1449, le mardi avant la Saint-Valentin, Robert de Bavière, évêque de Strasbourg, fit son entrée dans sa résidence. Après la messe, le prélat se rendit à son palais et l’on se mit à table ; plus de trois cents prêtres la garnissaient. Le festin se composait de trois services, chacun à cinq plats. En voici le détail[2] :


Premier service :

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  1. Nouvelles adressées de Ferrette. Mss. de la Bibliothèque nationale.
  2. Herzog, Edelsæssische Chronick. Strasb., 1592, in-fol., lib. IV, p. 112.