blanc et des raisins de Corinthe[1]. Si les potages, comme le prétend Grimod de la Reynière, sont au dîner ce que le portique est à l’édifice, il faut en conclure que la soupe au vin ne pouvait servir de péristyle qu’à des repas de haute futaie.
Nous retrouverons encore les œufs, et leur rôle agrandi, quand je traiterai des pâtisseries de l’ancien temps. Mais je puis bien dire encore ici que les œufs furent la cause de la haine réciproque que se portaient le clergé séculier et le clergé régulier. Les moines mangeant beaucoup d’œufs et les prêtres beaucoup de poules, les moines faisaient renchérir les poules, et les prêtres hausser le prix des œufs. Cette idée n’est pas née dans le cerveau d’un libre penseur, elle est d’un Cordelier de Thann, Jean Paulli, qui écrivit, en 1518, un recueil d’anecdotes tirées des sermons qu’il avait prononcés[2].
Les bouillies et les purées (lat. pulmentum ; allem. Muss) tenaient dans l’ancien système alimentaire une plus grande place que dans le nôtre. Les Romains avaient adopté des peuples orientaux la bouillie au riz ; les Allemands l’empruntèrent des Romains, ainsi que l’usage de l’orge perlée et la bouillie de millet[3], le célèbre Hirsbrey, qui joue un rôle historique dans les fêtes que la ville de Strasbourg donna lors du grand tir international de 1576. Tout le monde sait que les Zurichois firent en une journée, et par la voie des fleuves, le trajet entre leur ville et Strasbourg, amenant sur leur bateau une énorme marmite de bouillie de millet qui fut offerte encore chaude et fumante à leurs bons alliés d’Alsace. Ce tour de force devait symboliser à la fois la chaleur de leur amitié et l’empressement fidèle qu’ils mettraient, en cas de danger, à voler au secours de nos pères<ref> Cet événement a suscité un grand nombre d’ouvrages en vers et en prose : Maurer, Der warme Hirsbrey von Zürich. Zurich, 1792, in-4°. — Ring, Ueber