Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/217

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Voici une première série de pâtisseries alsaciennes ; elle nous vient de la main de M. Aug. Stœber, mon savant ami, qui en a fait l’objet d’une étude philologique aussi intéressante que sérieuse[1] : Krapfe, Apfelkræpfle, pommes entourées de pâte, chaussons de pommes ; Lingelserwecke, gâteau aux œufs, plat et ovale, en forme de tresses, qu’on fait à Lingolsheim ; Millerumskiechle, petits gâteaux très-minces de fleur de farine et de crème ; Speckkiechle, gâteau aux œufs, rond, avec de petits dés de lard et saupoudré de cumin ; Stolle, gâteaux au lait, carrés par le haut, en forme de bonnet clérical ; dans la vallée de Munster et le Sundgau, ils portent le nom de Wastle, Waschle (du celto-breton gwastel, Wastel) ; voilà un vestige celtique plus certain que beaucoup de pierres druidiques de nos montagnes ; Schnekle, Hase, pains au lait qui ont emprunté leurs noms à leur forme (lièvre, escargot) ; ils sont usités aux fêtes patronales et à Noël ; à Mulhouse, où on les donne à la Saint-Nicolas, il se tient ce jour-là un véritable marché de cette pâtisserie, Schnecklemærkt ; Mænnle, pains au lait dont les jeunes garçons font présent à leurs maîtresses, à la Saint-André ; Moze, pains au lait, plats, quadrillés et dont la partie supérieure est lustrée avec du blanc d’œuf ; c’est le gâteau classique des fêtes patronales et des grandes festivités religieuses de la Basse-Alsace ; Brieli, gâteaux plats couronnés de crème ou de fromage blanc ; Fuhliwiwerkiechle, gâteau très-léger fait de fleur de farine, de lait et de sucre en poudre ; Nonnenfirtzle, beignets soufflés très-légers, à l’eau de rose ; c’est littéralement le pet-de-nonne français ; Schenkele, pâtisserie longue, au sucre et à la cannelle ; Hirzhernle (Strasbourg), Schwowebredle (Basse-Alsace), Kritzelkiechle (Haguenau), Himmelsgestirn (Sundgau), menue pâtisserie de formes diverses, cornes, croix, étoiles, cœurs, oiseaux, lièvres, etc.

Jean Geiler, qu’il est si utile de consulter pour l’histoire des

  1. Aug. Stœber. Dans le recueil périodique : Die deutschen Mundarten, quatrième année. Nuremberg, 1857, p. 474.