Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/218

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anciens usages, nous fournit le nom de quatre espèces de pâtisseries : Karspellen, sur laquelle les renseignements manquent ; Neurot, pâtisserie fraîche, à la minute, Neugerathenes ; Oflatenrörlin ou Hippen, pâtisserie roulée, d’une pâte légère faite de miel et de farine ; on la connaît encore dans toute l’Alsace et dans l’Allemagne méridionale ; Brant et Murner emploient fréquemment l’expression Hippen dans les mots composés, Hippenwerk, bagatelles, Hippenbuben, gens sans aveu, légers, gamins (aushippeln, en Bavière, veut dire huer) ; H...beiss, expression trop libre que Geiler pouvait placer dans un sermon, mais qu’il suffit de deviner aujourd’hui[1].

Le vieux livre de cuisine de Buchinger nous donne aussi une pittoresque nomenclature de pâtisseries, avec la recette des procédés et des matériaux pour les exécuter ; je me borne à citer les noms ; ceux qui comprennent l’allemand verront aisément de quoi il s’agit : Gebrühte Küchlin, Sprützen-Küchlin, Straublin-Küchlin, Strützlin, Gewæhlte Küchlin, Zucker-Streublin, Sack-Küchlin, Eyer-Strützlin, Gebackene Schnitten, Model-Küchlin, Schnee-Ballen, Eyer-Ring, Eyer-Spritzlin, Faste-Küchlin, Imber-Zähn, Gofern.

Le Mulhouse suisse était une des places les plus renommées pour la pâtisserie. On y confectionnait presque tous les genres que je viens d’énumérer ; il avait, de plus, deux articles spéciaux qu’on ne retrouve pas ailleurs, les Knieblætze et les H...schenkele ; cette dernière pâtisserie est la sœur de celle indiquée par Geiler :


Le latin dans les mots brave l’honnêteté.

L’allemand ne se gêne guère plus que lui.

La propension des femmes de Mulhouse pour la fabrication de la pâtisserie est attestée déjà au seizième siècle par le chroniqueur Zwinger ; il raconte que lors de la présence des députés de la Confédération, en 1586, les dames de la ville se réunirent pour

  1. Erwinia, Strasbourg, 1838-1839, p. 184.